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Janet Mikhael

Entretiens

Soumis par iKNOW Politics le
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May 4, 2010

Janet Mikhael

Maire de Ramallah

"Les femmes savent très bien comment administrer une ville, garantir son développement et sa propreté et améliorer la vie des femmes, des enfants et des familles en créant des centres culturels, des parcs et des projets sociaux." - Janet Mikhael

iKNOW Politics: Mme Janet Mikhael, vous êtes la première femme maire des Territoires palestiniens occupés. A quels défis vous êtes-vous trouvée confrontée en tant que femme occupant une position de pouvoir? Comment votre formation et votre expérience passée vous ont-elles aidée?

Permettez-moi tout d’abord de remercier iKNOW Politics de s’intéresser aux femmes palestiniennes. En fait, les femmes palestiniennes ont fait des progrès considérables pour ce qui est de l’accès à des postes à responsabilités et ont commencé à collaborer fructueusement avec les hommes en se chargeant de tous les dossiers en cours et en prouvant leurs compétences.

Cela n’a pas été facile pour moi de devenir la première femme maire d’une grande ville comme Ramallah. Toutefois, Ramallah est une ville libérale d’esprit ouvert habitée par des citoyens ayant un degré d’instruction élevé, ce qui m’a aidée à accéder à ce poste. J’étais aussi le proviseur d’un grand lycée et mes contacts avec les parents et les citoyens m’ont beaucoup aidée à développer mes capacités de dirigeante du conseil municipal.

J’ai été confrontée à un grand nombre de difficultés, parmi lesquelles:

- de très fortes pressions pour que j’abandonne le siège de maire ou le partage avec d’autres partis, ce que j’ai refusé par respect pour les électeurs ;

- des intimidations et des menaces ;

- des traditions qui dévaluent le rôle joué par les femmes dans la société et les considèrent comme inaptes à occuper des fonctions publiques. Seul un petit groupe de gens, dont j’ai ignoré les tentatives car j’étais confiante et ambitieuse, a adopté cette attitude;

- l’occupation israélienne, qui limite notre capacité à mettre notre politique en œuvre;

- l’instabilité politique, problématique, mais en cours de résolution à l’heure actuelle;

- le conseil municipal était mal organisé et son personnel ne réussissait pas à s’adapter aux exigences d’une ville en expansion rapide. La restructuration, la formation du personnel et le recrutement de nouveaux collaborateurs qualifiés, couplés à notre engagement social, aux visites sur le terrain, à la communication avec les citoyens, aux consultations et ateliers permanents, ont permis de relever ces défis. C’est aussi grâce à ma détermination, ma confiance, ma persévérance, ma foi et ma passion pour mon travail que j’ai réussi à surmonter certains obstacles, mais d’autres se dessinent déjà.

Je me suis présentée aux élections parce que j’aimais ma ville et que je voulais l’améliorer et que mes parents, mes amis et mes collègues m’y ont encouragée. Les élections de 2005 ont marqué un tournant et suscité beaucoup d’enthousiasme car, pour la première fois depuis 30 ans, elles avaient lieu sous la responsabilité de l’Autorité nationale palestinienne. Ces élections, démocratiques, ont toutefois été le théâtre d’un fort affrontement entre les blocs. J’ai beaucoup bénéficié au cours de ces élections de l’expérience que j’avais acquise en tant que proviseur d’un grand lycée, ainsi que de mes vastes connaissances.

iKNOW Politics: A votre avis, quelles sont les choses que les femmes candidates doivent savoir? Quel conseil donneriez-vous aux femmes candidates se présentant avec des ressources limitées dans des sociétés dominées par les hommes?

Une femme candidate doit avoir pleinement conscience des tâches qui l’attendent. Il faut qu’elle suive une formation, qu’elle étudie toute la législation et la réglementation pertinentes et ait confiance en elle-même. Il faut aussi qu’elle traite tout un chacun de façon équitable et respectueuse de la loi et affiche ouvertement son respect pour les coutumes et la tradition. Toutefois, il faut aussi qu’elle prouve qui elle est et sache faire fi des rumeurs, tout particulièrement les rumeurs de dénigrement. Je suis certaine que les femmes ne peuvent s’imposer que si elles font dans le domaine juridique un travail exigeant aussi des efforts et des sacrifices.

iKNOW Politics: Auriez-vous la gentillesse de décrire à nos lecteurs un changement particulier en faveur des femmes que vous êtes fière d’avoir instauré en tant que maire de Ramallah et dont l’influence continue à se faire sentir?

Les femmes palestiniennes ont triomphé à l’échelon local du pouvoir, ce qui constitue le changement le plus fondamental à mon sens. Je suis fière d’être une femme palestinienne qui a rompu certaines traditions et été élue maire du conseil municipal le plus important de Palestine. J’espère que davantage de femmes seront élues aux conseils municipaux des grandes villes de Palestine, car les femmes palestiniennes sont tout à fait aptes à occuper des postes à responsabilités.

Je suis très fière du plan et des projets stratégiques instaurés pour améliorer la ville. Nous avons notamment remis en cause l’ancienne formule du conseil municipal, perçu comme un prestataire de services destinés aux citoyens. Aujourd’hui, les conseils municipaux offrent, outre une palette de services culturels, une contribution locale et internationale qui a fait la réputation internationale de Ramallah et transformé la ville, déjà connue pour son statut politique, en un centre culturel respecté.

iKNOW Politics: Vous avez été la première femme à occuper le poste de maire. Quelle importance revêt la présence d’une femme à ce poste à responsabilités ? Pensez-vous que votre condition de femme ait apporté une dimension nouvelle à cette fonction?

Il est extrêmement important qu’une femme occupe le siège de maire pour plusieurs raisons:

Tout d’abord, cette position met en relief l’importance de la femme palestinienne et rend hommage à sa longue lutte aux côtés des hommes pendant la crise palestinienne. Les femmes palestiniennes ont des fils, des frères et des maris martyrs et prisonniers politiques. Lorsque les hommes sont loin, prisonniers ou martyrs, ce sont les femmes qui prennent en charge le domaine politique et la société.

Ensuite, mon élection a rompu les traditions en matière d’administration locale. Les femmes savent très bien comment administrer une ville, garantir son développement et sa propreté et améliorer la vie des femmes, des enfants et des familles en créant des centres culturels, des parcs et des projets sociaux. Je pense que la priorité donnée aux projets en faveur de l’environnement et de l’amélioration de la qualité de vie ont donné une dimension nouvelle à la ville.

iKNOW Politics: Pensez-vous que la participation à un réseau mondial tel qu’iKNOW Politics pourrait aider les femmes dirigeantes à réussir et à mobiliser leurs partisans autour de questions d’intérêt commun?

En fait, appartenir à un réseau et communiquer son expérience à d’autres femmes contribue à la diffusion des connaissances. Quel que soit son degré d’instruction, on bénéficie toujours de l’expérience des autres. Par exemple, je pensais autrefois que les femmes européennes étaient probablement plus fortes et plus actives. Mon expérience m’a toutefois révélé que nous avons des intérêts communs et qu’elles ne sont pas plus fortes ni plus expérimentées. Nous les femmes palestiniennes, nous sommes très actives et nous pouvons aussi bien bénéficier de l’expérience d’autres femmes vivant ailleurs dans le monde que mettre la nôtre à leur service. Les femmes palestiniennes sont très actives et ont autant d’expérience que moi, voire davantage.

iKNOW Politics: Si vous aviez un conseil à donner aux membres d’iKNOW Politics, à savoir à des femmes candidates et dirigeantes, quel serait-il?

Avoir confiance, se fier à ses connaissances, agir avec intégrité, traiter tout le monde avec équité et transparence et respecter les divergences d’opinion.

 

Date de l'entretien
Maire de Ramallah

"Les femmes savent très bien comment administrer une ville, garantir son développement et sa propreté et améliorer la vie des femmes, des enfants et des familles en créant des centres culturels, des parcs et des projets sociaux." - Janet Mikhael

iKNOW Politics: Mme Janet Mikhael, vous êtes la première femme maire des Territoires palestiniens occupés. A quels défis vous êtes-vous trouvée confrontée en tant que femme occupant une position de pouvoir? Comment votre formation et votre expérience passée vous ont-elles aidée?

Permettez-moi tout d’abord de remercier iKNOW Politics de s’intéresser aux femmes palestiniennes. En fait, les femmes palestiniennes ont fait des progrès considérables pour ce qui est de l’accès à des postes à responsabilités et ont commencé à collaborer fructueusement avec les hommes en se chargeant de tous les dossiers en cours et en prouvant leurs compétences.

Cela n’a pas été facile pour moi de devenir la première femme maire d’une grande ville comme Ramallah. Toutefois, Ramallah est une ville libérale d’esprit ouvert habitée par des citoyens ayant un degré d’instruction élevé, ce qui m’a aidée à accéder à ce poste. J’étais aussi le proviseur d’un grand lycée et mes contacts avec les parents et les citoyens m’ont beaucoup aidée à développer mes capacités de dirigeante du conseil municipal.

J’ai été confrontée à un grand nombre de difficultés, parmi lesquelles:

- de très fortes pressions pour que j’abandonne le siège de maire ou le partage avec d’autres partis, ce que j’ai refusé par respect pour les électeurs ;

- des intimidations et des menaces ;

- des traditions qui dévaluent le rôle joué par les femmes dans la société et les considèrent comme inaptes à occuper des fonctions publiques. Seul un petit groupe de gens, dont j’ai ignoré les tentatives car j’étais confiante et ambitieuse, a adopté cette attitude;

- l’occupation israélienne, qui limite notre capacité à mettre notre politique en œuvre;

- l’instabilité politique, problématique, mais en cours de résolution à l’heure actuelle;

- le conseil municipal était mal organisé et son personnel ne réussissait pas à s’adapter aux exigences d’une ville en expansion rapide. La restructuration, la formation du personnel et le recrutement de nouveaux collaborateurs qualifiés, couplés à notre engagement social, aux visites sur le terrain, à la communication avec les citoyens, aux consultations et ateliers permanents, ont permis de relever ces défis. C’est aussi grâce à ma détermination, ma confiance, ma persévérance, ma foi et ma passion pour mon travail que j’ai réussi à surmonter certains obstacles, mais d’autres se dessinent déjà.

Je me suis présentée aux élections parce que j’aimais ma ville et que je voulais l’améliorer et que mes parents, mes amis et mes collègues m’y ont encouragée. Les élections de 2005 ont marqué un tournant et suscité beaucoup d’enthousiasme car, pour la première fois depuis 30 ans, elles avaient lieu sous la responsabilité de l’Autorité nationale palestinienne. Ces élections, démocratiques, ont toutefois été le théâtre d’un fort affrontement entre les blocs. J’ai beaucoup bénéficié au cours de ces élections de l’expérience que j’avais acquise en tant que proviseur d’un grand lycée, ainsi que de mes vastes connaissances.

iKNOW Politics: A votre avis, quelles sont les choses que les femmes candidates doivent savoir? Quel conseil donneriez-vous aux femmes candidates se présentant avec des ressources limitées dans des sociétés dominées par les hommes?

Une femme candidate doit avoir pleinement conscience des tâches qui l’attendent. Il faut qu’elle suive une formation, qu’elle étudie toute la législation et la réglementation pertinentes et ait confiance en elle-même. Il faut aussi qu’elle traite tout un chacun de façon équitable et respectueuse de la loi et affiche ouvertement son respect pour les coutumes et la tradition. Toutefois, il faut aussi qu’elle prouve qui elle est et sache faire fi des rumeurs, tout particulièrement les rumeurs de dénigrement. Je suis certaine que les femmes ne peuvent s’imposer que si elles font dans le domaine juridique un travail exigeant aussi des efforts et des sacrifices.

iKNOW Politics: Auriez-vous la gentillesse de décrire à nos lecteurs un changement particulier en faveur des femmes que vous êtes fière d’avoir instauré en tant que maire de Ramallah et dont l’influence continue à se faire sentir?

Les femmes palestiniennes ont triomphé à l’échelon local du pouvoir, ce qui constitue le changement le plus fondamental à mon sens. Je suis fière d’être une femme palestinienne qui a rompu certaines traditions et été élue maire du conseil municipal le plus important de Palestine. J’espère que davantage de femmes seront élues aux conseils municipaux des grandes villes de Palestine, car les femmes palestiniennes sont tout à fait aptes à occuper des postes à responsabilités.

Je suis très fière du plan et des projets stratégiques instaurés pour améliorer la ville. Nous avons notamment remis en cause l’ancienne formule du conseil municipal, perçu comme un prestataire de services destinés aux citoyens. Aujourd’hui, les conseils municipaux offrent, outre une palette de services culturels, une contribution locale et internationale qui a fait la réputation internationale de Ramallah et transformé la ville, déjà connue pour son statut politique, en un centre culturel respecté.

iKNOW Politics: Vous avez été la première femme à occuper le poste de maire. Quelle importance revêt la présence d’une femme à ce poste à responsabilités ? Pensez-vous que votre condition de femme ait apporté une dimension nouvelle à cette fonction?

Il est extrêmement important qu’une femme occupe le siège de maire pour plusieurs raisons:

Tout d’abord, cette position met en relief l’importance de la femme palestinienne et rend hommage à sa longue lutte aux côtés des hommes pendant la crise palestinienne. Les femmes palestiniennes ont des fils, des frères et des maris martyrs et prisonniers politiques. Lorsque les hommes sont loin, prisonniers ou martyrs, ce sont les femmes qui prennent en charge le domaine politique et la société.

Ensuite, mon élection a rompu les traditions en matière d’administration locale. Les femmes savent très bien comment administrer une ville, garantir son développement et sa propreté et améliorer la vie des femmes, des enfants et des familles en créant des centres culturels, des parcs et des projets sociaux. Je pense que la priorité donnée aux projets en faveur de l’environnement et de l’amélioration de la qualité de vie ont donné une dimension nouvelle à la ville.

iKNOW Politics: Pensez-vous que la participation à un réseau mondial tel qu’iKNOW Politics pourrait aider les femmes dirigeantes à réussir et à mobiliser leurs partisans autour de questions d’intérêt commun?

En fait, appartenir à un réseau et communiquer son expérience à d’autres femmes contribue à la diffusion des connaissances. Quel que soit son degré d’instruction, on bénéficie toujours de l’expérience des autres. Par exemple, je pensais autrefois que les femmes européennes étaient probablement plus fortes et plus actives. Mon expérience m’a toutefois révélé que nous avons des intérêts communs et qu’elles ne sont pas plus fortes ni plus expérimentées. Nous les femmes palestiniennes, nous sommes très actives et nous pouvons aussi bien bénéficier de l’expérience d’autres femmes vivant ailleurs dans le monde que mettre la nôtre à leur service. Les femmes palestiniennes sont très actives et ont autant d’expérience que moi, voire davantage.

iKNOW Politics: Si vous aviez un conseil à donner aux membres d’iKNOW Politics, à savoir à des femmes candidates et dirigeantes, quel serait-il?

Avoir confiance, se fier à ses connaissances, agir avec intégrité, traiter tout le monde avec équité et transparence et respecter les divergences d’opinion.

 

Date de l'entretien
Maire de Ramallah