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« La forte présence des femmes dans les Parlements africains n’est pas une garantie de changement »

Editorial / Opinion Piece / Blog Post

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November 28, 2018

« La forte présence des femmes dans les Parlements africains n’est pas une garantie de changement »

Source: Le Monde

Pour l’historienne et universitaire Anaïs Angelo, la place des femmes en politique ne raconte pas tout de leur condition dans une société.

Rwanda, Namibie, Afrique du Sud et Sénégal… Ces quatre pays africains sont champions de la représentativité des femmes au Parlement. C’est ce que révèle le dernier classement de l’Union interparlementaire (UIP), un organisme suisse créé en 1889 qui collabore avec les Nations unies et met régulièrement à jour les données de 193 pays.

Si les Rwandaises battent tous les records avec 61,3 % de députées, les Mozambicaines font jeu égal avec les Françaises – pas encore à la parité avec 39,6 % de femmes dans l’Hémicycle – talonnées de près par les Ethiopiennes (38,8 %). A peine plus loin dans le peloton, Burundi, Ouganda, Zimbabwe, Tunisie, Cameroun, Angola et Soudan comptent tous entre 36,4 % et 30,5 % de parlementaires femmes.

Ainsi, beaucoup d’Etats africains conjuguent la politique au féminin, à l’instar du Sénégal ou de l’Afrique du Sud. Mais la condition féminine ne se résume pas à une représentativité. Au pays de Nelson Mandela, où les militantes ont eu un rôle déterminant dans la lutte contre l’apartheid, les féminicides sont cinq fois plus nombreux que la moyenne mondiale.

Une ambivalence que connaît bien Anaïs Angelo, historienne spécialiste du système présidentiel kényan. Pour l’auteure d’une biographie politique du premier président du Kenya indépendant, Jomo Kenyatta (1958-1978), postdoctorante au département d’études africaines de l’Université de Vienne (Autriche), la place des femmes en politique ne raconte pas tout de leur condition dans une société.

Comment expliquer que les droits et la lutte contre les violences faites aux femmes avancent si lentement, alors qu’elles sont si nombreuses en politique ?

Anaïs Angelo Il faut se réjouir de voir toujours plus de femmes dans les Parlements ou les Sénats africains, mais ce n’est pas la garantie d’un changement. D’autant moins que les femmes militantes, qui portent la radicalité du changement dans la société, ont souvent beaucoup de mal à se faire une place en politique. A cause des réticences des populations, mais aussi des hommes politiques qui sentent leurs intérêts menacés. Il y a des acteurs derrière les traditions patriarcales qui agissent pour se maintenir au pouvoir et, pour beaucoup, continuer à capter les ressources de l’Etat.

Cliquez ici pour lire l’article publié par Le Monde le 28 novembre 2018.

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L'Union Interparlementaire

Pour l’historienne et universitaire Anaïs Angelo, la place des femmes en politique ne raconte pas tout de leur condition dans une société.

Rwanda, Namibie, Afrique du Sud et Sénégal… Ces quatre pays africains sont champions de la représentativité des femmes au Parlement. C’est ce que révèle le dernier classement de l’Union interparlementaire (UIP), un organisme suisse créé en 1889 qui collabore avec les Nations unies et met régulièrement à jour les données de 193 pays.

Si les Rwandaises battent tous les records avec 61,3 % de députées, les Mozambicaines font jeu égal avec les Françaises – pas encore à la parité avec 39,6 % de femmes dans l’Hémicycle – talonnées de près par les Ethiopiennes (38,8 %). A peine plus loin dans le peloton, Burundi, Ouganda, Zimbabwe, Tunisie, Cameroun, Angola et Soudan comptent tous entre 36,4 % et 30,5 % de parlementaires femmes.

Ainsi, beaucoup d’Etats africains conjuguent la politique au féminin, à l’instar du Sénégal ou de l’Afrique du Sud. Mais la condition féminine ne se résume pas à une représentativité. Au pays de Nelson Mandela, où les militantes ont eu un rôle déterminant dans la lutte contre l’apartheid, les féminicides sont cinq fois plus nombreux que la moyenne mondiale.

Une ambivalence que connaît bien Anaïs Angelo, historienne spécialiste du système présidentiel kényan. Pour l’auteure d’une biographie politique du premier président du Kenya indépendant, Jomo Kenyatta (1958-1978), postdoctorante au département d’études africaines de l’Université de Vienne (Autriche), la place des femmes en politique ne raconte pas tout de leur condition dans une société.

Comment expliquer que les droits et la lutte contre les violences faites aux femmes avancent si lentement, alors qu’elles sont si nombreuses en politique ?

Anaïs Angelo Il faut se réjouir de voir toujours plus de femmes dans les Parlements ou les Sénats africains, mais ce n’est pas la garantie d’un changement. D’autant moins que les femmes militantes, qui portent la radicalité du changement dans la société, ont souvent beaucoup de mal à se faire une place en politique. A cause des réticences des populations, mais aussi des hommes politiques qui sentent leurs intérêts menacés. Il y a des acteurs derrière les traditions patriarcales qui agissent pour se maintenir au pouvoir et, pour beaucoup, continuer à capter les ressources de l’Etat.

Cliquez ici pour lire l’article publié par Le Monde le 28 novembre 2018.

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