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Portrait d’une battante : Maria Corina Machado

Editorial / Opinion Piece / Blog Post

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April 12, 2015

Portrait d’une battante : Maria Corina Machado

par Lucile Huguet

 Elue à l’Assemblée Nationale du Venezuela, sa destitution vient d’être prononcée par le gouvernement de Maduro qui la déteste. C’est une des dernières militantes de l’opposition et une des seules à être encore en liberté.

            Machado est née en octobre 1967 d’un père qui travaille dans l’acier et d’une mère psychologue. L’aînée d’une fratrie de quatre filles, elle reconnaît avoir vécu une enfance dorée à l’abri de la réalité dans une famille catholique conservatrice qui l’envoya dans des écoles privées au Venezuela, aux Etats-Unis et en Europe. Elle obtient un diplôme d’ingénieur industriel à l’université Andréa Bello Catholic University et un master de finances à l’Instituto De Estudio Superiores de Administracion de Caracas. Elle s’engage dans le milieu associatif dès 1992, alors mère de trois enfants, elle crée la Fondation Atena qui s’occupe des enfants orphelins qui peuplent les rues de Caracas ainsi que les jeunes délinquants. Elle crée également de nombreuses associations humanitaires qui reçoivent des fonds depuis Washington. Elle quitte la Fondation Atena lorsqu’elle s’engage en politique afin que celle-ci reste apolitique.

            C’est lors d’une rencontre en 2001 avec Alejandro Plaz qu’elle fonde le mouvement civil Sumate. Ils partagent alors les mêmes inquiétudes sur la situation du pays et Machado déclara qu’elle avait eu un déclic, qu’elle ne pouvait plus rester chez elle à regarder son pays se détériorer et qu’il fallait qu’elle agisse pour changer les choses. C’est alors que les problèmes commencent : en 2004 Sumate lance une pétition contre le président Hugo Chavez qui les décrit comme les comploteurs, des fomenteurs de révolution, et des agents à la solde du gouvernement américain. Après un référendum, nombreux sont les dirigeants de Sumate à se retrouver emprisonné après un procès pour trahison et détournement de fonds pour avoir reçu un don de 30 000 dollars. En 2005, The New York Times déclare à propos de Machado qu’elle était la détractrice du gouvernement la plus détestée et que le gouvernement la considère membre d’une élite corrompue qui a fait le jeu de l’administration Bush. En 2011 elle annonce sa candidature aux primaires de la présidence du pays aux élections de 2012, elle semble être une candidate solide qui propose une alternative à l’après Chavez qui pourrait séduire de nombreux supporters de l’ancien président. Chavez lui-même se dit prêt à l’affronter lors des élections. Malheureusement elle ne remporta pas la primaire mais accepta sa défaite avec classe avant même la publication des résultats et affirma son soutien au candidat de l’opposition Henrique Capriles.

            Elle avait déjà quitté Sumate en 2010 pour annoncer sa candidature à un poste de député à l’Assemblée Nationale du pays, elle fait alors partie du parti de l’Unité Socialiste du Venezuela. Elle déclare alors vouloir défendre les droits des Vénézuéliens, un peuple fort, libre qui doit refuser de vivre dans la peur et la pauvreté. Selon elle, le gouvernement Chavez n’a réussi qu’à créer plus de pauvres, plus d’assistés sans toucher les vrais riches qui ont des connexions avec le gouvernement. Elle dû faire face à la propagande orchestrée par le gouvernement Chavez, tel que des spots publicitaires ridiculisant les opposants au président, des discours de propagande active. Le manque de moyens lui fut aussi cruel, en effet les entrepreneurs refusaient de la soutenir par peur de représailles gouvernementales. Chavez fut même accusé de pourrir la campagne et de ne pas respecter les lois, ce qu’il nia avec force. Elle remporta le siège en étant le candidat qui reçut le plus de voix dans tout le pays !

            Un tournant s’opère en mars 2014, elle s’implique alors dans les manifestations contre le président Madura. Le point de non-retour est franchi lorsque le Panama lui permet de s’exprimer en son nom au sommet des pays Américains. C’est pour elle la seule tribune pour s’exprimer autour des violences policières, gouvernementales et de la pression qu’elle et ses partisans subissent quotidiennement. Le gouvernement de Maduro saute sur l’occasion pour lui coller une étiquète d’impérialiste, l’accuser de ne pas avoir respecté la constitution qui lui refuse le droit de parler à la place d’un autre état et par conséquent de se débarrasser d’une adversaire encombrante. Le gouvernement décide alors de la destituer de son mandat et l'accuse de trahison et d'incitation à la violence. Son immunité parlementaire lui est également retirée et elle risque d’être emprisonnée à tout moment. Elle répliqua en accusant le président de l’Assemblée Nationale, Diosdado Cabello de gérer l’assemblée de manière dictatoriale et que sa destitution était illégale. Elle affirme également sur son compte twitter qu’elle restera députée tant que le peuple le voudra. Ce qui risque de s’avérer compliqué vu que les forces de polices lui refusent l’accès au parlement, qu’elle est interdite de quitter le territoire, qu’elle ne peut même pas prendre un vol intérieur et qu’elle se retrouve bloquée lorsqu’elle se rend à des meetings ou manifestations.             

            Elle qui est accusée de tentative de meurtre et de vouloir renverser le pouvoir, se retrouve victime de menaces et de violences. Tout est fait pour la faire taire ! Elle est attaquée physiquement par des supporters du gouvernement, à coups de pierres, de coups de poings, et sa voiture est attaquée à l’arme automatique en 2014. Reconnue par le président Bush lors de leur rencontre en 2005 pour ses efforts pour sauver l’intégrité et la transparence du processus électoral du Venezuela, elle est également inscrite sur la liste des femmes que le monde devrait connaître par l’ONU Femmes lors de la journée de la femme. Elle est également choisie par la prestigieuse université de Yale parmi 900 candidats pour un Yale World Fellows Program.

par Lucile Huguet

 Elue à l’Assemblée Nationale du Venezuela, sa destitution vient d’être prononcée par le gouvernement de Maduro qui la déteste. C’est une des dernières militantes de l’opposition et une des seules à être encore en liberté.

            Machado est née en octobre 1967 d’un père qui travaille dans l’acier et d’une mère psychologue. L’aînée d’une fratrie de quatre filles, elle reconnaît avoir vécu une enfance dorée à l’abri de la réalité dans une famille catholique conservatrice qui l’envoya dans des écoles privées au Venezuela, aux Etats-Unis et en Europe. Elle obtient un diplôme d’ingénieur industriel à l’université Andréa Bello Catholic University et un master de finances à l’Instituto De Estudio Superiores de Administracion de Caracas. Elle s’engage dans le milieu associatif dès 1992, alors mère de trois enfants, elle crée la Fondation Atena qui s’occupe des enfants orphelins qui peuplent les rues de Caracas ainsi que les jeunes délinquants. Elle crée également de nombreuses associations humanitaires qui reçoivent des fonds depuis Washington. Elle quitte la Fondation Atena lorsqu’elle s’engage en politique afin que celle-ci reste apolitique.

            C’est lors d’une rencontre en 2001 avec Alejandro Plaz qu’elle fonde le mouvement civil Sumate. Ils partagent alors les mêmes inquiétudes sur la situation du pays et Machado déclara qu’elle avait eu un déclic, qu’elle ne pouvait plus rester chez elle à regarder son pays se détériorer et qu’il fallait qu’elle agisse pour changer les choses. C’est alors que les problèmes commencent : en 2004 Sumate lance une pétition contre le président Hugo Chavez qui les décrit comme les comploteurs, des fomenteurs de révolution, et des agents à la solde du gouvernement américain. Après un référendum, nombreux sont les dirigeants de Sumate à se retrouver emprisonné après un procès pour trahison et détournement de fonds pour avoir reçu un don de 30 000 dollars. En 2005, The New York Times déclare à propos de Machado qu’elle était la détractrice du gouvernement la plus détestée et que le gouvernement la considère membre d’une élite corrompue qui a fait le jeu de l’administration Bush. En 2011 elle annonce sa candidature aux primaires de la présidence du pays aux élections de 2012, elle semble être une candidate solide qui propose une alternative à l’après Chavez qui pourrait séduire de nombreux supporters de l’ancien président. Chavez lui-même se dit prêt à l’affronter lors des élections. Malheureusement elle ne remporta pas la primaire mais accepta sa défaite avec classe avant même la publication des résultats et affirma son soutien au candidat de l’opposition Henrique Capriles.

            Elle avait déjà quitté Sumate en 2010 pour annoncer sa candidature à un poste de député à l’Assemblée Nationale du pays, elle fait alors partie du parti de l’Unité Socialiste du Venezuela. Elle déclare alors vouloir défendre les droits des Vénézuéliens, un peuple fort, libre qui doit refuser de vivre dans la peur et la pauvreté. Selon elle, le gouvernement Chavez n’a réussi qu’à créer plus de pauvres, plus d’assistés sans toucher les vrais riches qui ont des connexions avec le gouvernement. Elle dû faire face à la propagande orchestrée par le gouvernement Chavez, tel que des spots publicitaires ridiculisant les opposants au président, des discours de propagande active. Le manque de moyens lui fut aussi cruel, en effet les entrepreneurs refusaient de la soutenir par peur de représailles gouvernementales. Chavez fut même accusé de pourrir la campagne et de ne pas respecter les lois, ce qu’il nia avec force. Elle remporta le siège en étant le candidat qui reçut le plus de voix dans tout le pays !

            Un tournant s’opère en mars 2014, elle s’implique alors dans les manifestations contre le président Madura. Le point de non-retour est franchi lorsque le Panama lui permet de s’exprimer en son nom au sommet des pays Américains. C’est pour elle la seule tribune pour s’exprimer autour des violences policières, gouvernementales et de la pression qu’elle et ses partisans subissent quotidiennement. Le gouvernement de Maduro saute sur l’occasion pour lui coller une étiquète d’impérialiste, l’accuser de ne pas avoir respecté la constitution qui lui refuse le droit de parler à la place d’un autre état et par conséquent de se débarrasser d’une adversaire encombrante. Le gouvernement décide alors de la destituer de son mandat et l'accuse de trahison et d'incitation à la violence. Son immunité parlementaire lui est également retirée et elle risque d’être emprisonnée à tout moment. Elle répliqua en accusant le président de l’Assemblée Nationale, Diosdado Cabello de gérer l’assemblée de manière dictatoriale et que sa destitution était illégale. Elle affirme également sur son compte twitter qu’elle restera députée tant que le peuple le voudra. Ce qui risque de s’avérer compliqué vu que les forces de polices lui refusent l’accès au parlement, qu’elle est interdite de quitter le territoire, qu’elle ne peut même pas prendre un vol intérieur et qu’elle se retrouve bloquée lorsqu’elle se rend à des meetings ou manifestations.             

            Elle qui est accusée de tentative de meurtre et de vouloir renverser le pouvoir, se retrouve victime de menaces et de violences. Tout est fait pour la faire taire ! Elle est attaquée physiquement par des supporters du gouvernement, à coups de pierres, de coups de poings, et sa voiture est attaquée à l’arme automatique en 2014. Reconnue par le président Bush lors de leur rencontre en 2005 pour ses efforts pour sauver l’intégrité et la transparence du processus électoral du Venezuela, elle est également inscrite sur la liste des femmes que le monde devrait connaître par l’ONU Femmes lors de la journée de la femme. Elle est également choisie par la prestigieuse université de Yale parmi 900 candidats pour un Yale World Fellows Program.