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Mariam Marie Gisèle Guigma

Entretiens

Soumis par iKNOW Politics le
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February 9, 2011

Mariam Marie Gisèle Guigma

députée élue à l’Assemblée Nationale du Burkina Faso, ancienne Ministre de la Promotion de la Femme

"Il faut que les partis politiques aient plus d’égard envers les femmes, c’est l’électorat le plus important et ils doivent mettre les femmes en tête de liste. Il ne faut pas limiter l’accès des femmes aux nouvelles technologies car c’est très important pour le développement économique du continent. Les femmes sont aussi capables que les hommes d’utiliser les nouvelles technologies." - Mariam Marie Gisèle Guigma

iKNOW Politics: Bonjour honorable Guigma, merci de nous accorder cet entretien, en tant que femme politique, pourriez-vous dire à nos lectrices les défis auxquels vous avez été confrontés?

Je vous remercie pour cet échange, être femme politique c’est une mission, un combat permanent. Dans nos sociétés la femme a plutôt des devoirs et pas de droit. Nous devons lutter pour arracher nos droits. Quand je me suis présenté la première fois, j’ai fait face à des réticences au sein même de mon parti. Au Burkina Faso et comme un peu partout en Afrique, les femmes sont très dynamiques en tant qu’électrices mais elles sont moins visibles en tant que candidate. C’est en 1978 qu’une femme a été élue pour la première fois au Burkina Faso. Le nombre de femme au Parlement était de 4 dans les années 80 aujourd’hui on compte 17 femmes sur 107 députés à l’Assemblée Nationale. Au gouvernement, seules deux femmes sont ministres. Vous voyez que la progression se fait assez lentement c’est à nous de continuer de lutter pour augmenter le nombre de femmes et surtout de convaincre les partis politiques de mettre les femmes en tête de liste. On ne doit pas baisser les bras, nous sommes à peine trois ou quatre à être classées en tête de liste, les autres sont venues en deuxième position ou comme suppléante. Au niveau des élections locales, rares sont les femmes qui étaient en tête de liste. Des mesures sont prises par le pouvoir en place qui pour inverser cette tendance, exige que dans chaque localité il y ait la parité homme/femme. Ce qui explique le grand nombre de femme dans les conseils municipaux.

Les autres défis auxquels les femmes sont confrontées sont les pesanteurs socio culturelles, les problèmes d’éducation, et d’alphabétisation. Le meilleur moyen pour lutter contre ces pesanteurs socio culturelles c’est d’accroître le pouvoir économique de la femme. Dans mon panel sur la femme, je n’ai pas manqué de dire que le problème qu’on a c’est celui de l’application des textes. Nous disposons de beaucoup de textes favorables à l’égalité genre et à la promotion de la femme, malheureusement, ces textes ne sont pas appliqués. Au sein du Parlement deux femmes ont insisté pour l’élaboration d’un rapport sur l’état de la femme au Burkina Faso. Nous sommes très dynamiques au sein de l’Assemblée Nationale, nous avons un caucus des femmes, nous sommes impliquées dans la gestion des problèmes de fistules. Nous envisageons de légiférer sur les violences domestiques, les violences au travail etc. Le droit pénale protège les droits de la femme, le débat maintenant c’est est-ce qu’il faut légiférer ou revoir le code pénal ?

iKNOW Politics: Pensez-vous qu’il existe des stéréotypes au niveau des medias sur les femmes?

Pour promouvoir les produits de beauté on utilise l’image de la femme, les femmes du Faso se sont révoltées et ont saisis le Président de la République. On a saisi le Haut Conseil Supérieur de la Communication qui est dirigé par une femme très protectrice de l'image de la femme et des jeunes filles. Le Haut Conseil a commandé une série de documentaires pour sensibiliser le public sur l’importance de véhiculer une bonne image des femmes dans les medias.

iKNOW Politics: Comment encouragez-vous les jeunes filles à s’impliquer en politique?

En 1990, les chefs d’états se sont réunis à Moncton et ils se sont mis d’accords pour créer le Parlement national des jeunes. En conséquence, depuis le 30 juillet 2009, le Burkina Faso a mis en place un Parlement nationale des jeunes qui compte 48 filles et 48 garçons de 18 à 23 ans, c’est une manière d'intéresser les jeunes à la politique. A cela s’ajoute la création du  Ministère de la jeunesse et de l’emploi.

iKNOW Politics: Comment le soutien d’autres femmes a été déterminant durant votre campagne électorale?

On a coutume de dire que le soutien de la femme est semi total car l’ennemi de la femme est la femme. La femme est « versatile ». Quand une femme doit choisir entre une candidate et un candidat, elle a du mal à se décider. Il existe une sorte d’égoïsme chez les femmes intellectuelles. Dans ma circonscription, mon électorat était composé de femmes et de jeunes à 90%, elles m’ont toujours soutenue. J’ai été ministre de la promotion de la femme, je rencontre beaucoup de femmes qui se souviennent de mon passage au ministère. Je leur ai doté d’outils technologiques et construit des maisons de la femme à travers tout le pays.

iKNOW Politics: Quel message voulez-vous adresser aux femmes politiques africaines? Comment voyez-vous l'appropriation des NTIC sur le continent?

Il faut que les partis politiques aient plus d’égard envers les femmes, c’est l’électorat le plus important et ils doivent mettre les femmes en tête de liste. Il ne faut pas limiter l’accès des femmes aux nouvelles technologies car c’est très important pour le développement économique du continent. Les femmes sont aussi capables que les hommes d’utiliser les nouvelles technologies. J'ai organisé une journée dite « femmes rurales et nouvelles technologies ». Une femme manipulait l’ordinateur avec un logiciel en langue nationale Moré, elle lisait tout, c'était impressionnant de voir son habileté à manipuler l'ordinateur malgré qu'elle soit illettrée. Il faut approcher les femmes dépendamment de leur niveau d’éducation et leur fournir des outils adaptés et c’est alors qu’elles pourront se surpasser. Les femmes vont pouvoir mieux profiter d’internet, faire leurs commerces sur la toile et gagné de l’argent. Il est important aujourd’hui de développer des logiciels en fonction des ethnies majoritaires. Les femmes travailleront de plus en plus sur le net et voyageront moins car cela est dangereux et coûteux.

iKNOW Politics: Quel conseil donneriez-vous aux jeunes femmes qui veulent se lancer en politique?

Je leur dirais d’être courageuses, je vais faire une métaphore et dire que c’est comme si « on se jetait en pâture » dans une aventure inconnue, il faut être courageuse, et toujours être prête à surmonter les aléas de la politique. 

 

Date de l'entretien
Région
députée élue à l’Assemblée Nationale du Burkina Faso, ancienne Ministre de la Promotion de la Femme

"Il faut que les partis politiques aient plus d’égard envers les femmes, c’est l’électorat le plus important et ils doivent mettre les femmes en tête de liste. Il ne faut pas limiter l’accès des femmes aux nouvelles technologies car c’est très important pour le développement économique du continent. Les femmes sont aussi capables que les hommes d’utiliser les nouvelles technologies." - Mariam Marie Gisèle Guigma

iKNOW Politics: Bonjour honorable Guigma, merci de nous accorder cet entretien, en tant que femme politique, pourriez-vous dire à nos lectrices les défis auxquels vous avez été confrontés?

Je vous remercie pour cet échange, être femme politique c’est une mission, un combat permanent. Dans nos sociétés la femme a plutôt des devoirs et pas de droit. Nous devons lutter pour arracher nos droits. Quand je me suis présenté la première fois, j’ai fait face à des réticences au sein même de mon parti. Au Burkina Faso et comme un peu partout en Afrique, les femmes sont très dynamiques en tant qu’électrices mais elles sont moins visibles en tant que candidate. C’est en 1978 qu’une femme a été élue pour la première fois au Burkina Faso. Le nombre de femme au Parlement était de 4 dans les années 80 aujourd’hui on compte 17 femmes sur 107 députés à l’Assemblée Nationale. Au gouvernement, seules deux femmes sont ministres. Vous voyez que la progression se fait assez lentement c’est à nous de continuer de lutter pour augmenter le nombre de femmes et surtout de convaincre les partis politiques de mettre les femmes en tête de liste. On ne doit pas baisser les bras, nous sommes à peine trois ou quatre à être classées en tête de liste, les autres sont venues en deuxième position ou comme suppléante. Au niveau des élections locales, rares sont les femmes qui étaient en tête de liste. Des mesures sont prises par le pouvoir en place qui pour inverser cette tendance, exige que dans chaque localité il y ait la parité homme/femme. Ce qui explique le grand nombre de femme dans les conseils municipaux.

Les autres défis auxquels les femmes sont confrontées sont les pesanteurs socio culturelles, les problèmes d’éducation, et d’alphabétisation. Le meilleur moyen pour lutter contre ces pesanteurs socio culturelles c’est d’accroître le pouvoir économique de la femme. Dans mon panel sur la femme, je n’ai pas manqué de dire que le problème qu’on a c’est celui de l’application des textes. Nous disposons de beaucoup de textes favorables à l’égalité genre et à la promotion de la femme, malheureusement, ces textes ne sont pas appliqués. Au sein du Parlement deux femmes ont insisté pour l’élaboration d’un rapport sur l’état de la femme au Burkina Faso. Nous sommes très dynamiques au sein de l’Assemblée Nationale, nous avons un caucus des femmes, nous sommes impliquées dans la gestion des problèmes de fistules. Nous envisageons de légiférer sur les violences domestiques, les violences au travail etc. Le droit pénale protège les droits de la femme, le débat maintenant c’est est-ce qu’il faut légiférer ou revoir le code pénal ?

iKNOW Politics: Pensez-vous qu’il existe des stéréotypes au niveau des medias sur les femmes?

Pour promouvoir les produits de beauté on utilise l’image de la femme, les femmes du Faso se sont révoltées et ont saisis le Président de la République. On a saisi le Haut Conseil Supérieur de la Communication qui est dirigé par une femme très protectrice de l'image de la femme et des jeunes filles. Le Haut Conseil a commandé une série de documentaires pour sensibiliser le public sur l’importance de véhiculer une bonne image des femmes dans les medias.

iKNOW Politics: Comment encouragez-vous les jeunes filles à s’impliquer en politique?

En 1990, les chefs d’états se sont réunis à Moncton et ils se sont mis d’accords pour créer le Parlement national des jeunes. En conséquence, depuis le 30 juillet 2009, le Burkina Faso a mis en place un Parlement nationale des jeunes qui compte 48 filles et 48 garçons de 18 à 23 ans, c’est une manière d'intéresser les jeunes à la politique. A cela s’ajoute la création du  Ministère de la jeunesse et de l’emploi.

iKNOW Politics: Comment le soutien d’autres femmes a été déterminant durant votre campagne électorale?

On a coutume de dire que le soutien de la femme est semi total car l’ennemi de la femme est la femme. La femme est « versatile ». Quand une femme doit choisir entre une candidate et un candidat, elle a du mal à se décider. Il existe une sorte d’égoïsme chez les femmes intellectuelles. Dans ma circonscription, mon électorat était composé de femmes et de jeunes à 90%, elles m’ont toujours soutenue. J’ai été ministre de la promotion de la femme, je rencontre beaucoup de femmes qui se souviennent de mon passage au ministère. Je leur ai doté d’outils technologiques et construit des maisons de la femme à travers tout le pays.

iKNOW Politics: Quel message voulez-vous adresser aux femmes politiques africaines? Comment voyez-vous l'appropriation des NTIC sur le continent?

Il faut que les partis politiques aient plus d’égard envers les femmes, c’est l’électorat le plus important et ils doivent mettre les femmes en tête de liste. Il ne faut pas limiter l’accès des femmes aux nouvelles technologies car c’est très important pour le développement économique du continent. Les femmes sont aussi capables que les hommes d’utiliser les nouvelles technologies. J'ai organisé une journée dite « femmes rurales et nouvelles technologies ». Une femme manipulait l’ordinateur avec un logiciel en langue nationale Moré, elle lisait tout, c'était impressionnant de voir son habileté à manipuler l'ordinateur malgré qu'elle soit illettrée. Il faut approcher les femmes dépendamment de leur niveau d’éducation et leur fournir des outils adaptés et c’est alors qu’elles pourront se surpasser. Les femmes vont pouvoir mieux profiter d’internet, faire leurs commerces sur la toile et gagné de l’argent. Il est important aujourd’hui de développer des logiciels en fonction des ethnies majoritaires. Les femmes travailleront de plus en plus sur le net et voyageront moins car cela est dangereux et coûteux.

iKNOW Politics: Quel conseil donneriez-vous aux jeunes femmes qui veulent se lancer en politique?

Je leur dirais d’être courageuses, je vais faire une métaphore et dire que c’est comme si « on se jetait en pâture » dans une aventure inconnue, il faut être courageuse, et toujours être prête à surmonter les aléas de la politique. 

 

Date de l'entretien
Région
députée élue à l’Assemblée Nationale du Burkina Faso, ancienne Ministre de la Promotion de la Femme