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L’habillement est un piège pour les femmes en politique

Editorial / Opinion Piece / Blog Post

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December 27, 2018

L’habillement est un piège pour les femmes en politique

Source: Le Devoir

Par Marie-Anne Casselo, doctorante en philosophie à l’Université Laval,

Depuis son élection, Catherine Dorion est devenue le centre d’une discussion sur le code vestimentaire approprié en politique. Comme d’autres avant elle — pensons à Hillary Clinton ou à Pauline Marois —, son style vestimentaire est scruté à la loupe par l’opinion publique. Que dirait Simone de Beauvoir (1908-1986) de notre fixation sur l’habillement des politiciennes ? Selon elle, la fixation autour du vêtement signalerait l’ambiguïté du statut du sujet féminin dans la sphère publique. Dans Le deuxième sexe (1949), un ouvrage dans lequel Beauvoir expose la situation des femmes, l’écrivaine et philosophe existentialiste soutient que la femme est à la fois sujet de sa propre existence et objet du désir masculin. De plus, les politiciennes mettent à mal le boys’ club de la politique traditionnelle : leur présence opère un changement culturel dans l’arène politique.

La fixation réductrice sur l’habillement est effectivement un renvoi à la corporalité des femmes, comme l’a mentionné Francine Pelletier dans ces pages, mais c’est aussi le symptôme d’un malaise plus large à l’égard des femmes comme sujet politique. L’ambiguïté du vêtement se décline selon un double standard : toujours trop ci ou pas assez cela, le vêtement signale le statut social, souligne le degré de désirabilité d’une femme et révèle sa personnalité. Le vêtement rend à la fois visible une femme en même temps qu’il l’ostracise. Elle est un sujet politique, libre et égale à tout autre sujet politique, mais elle est une femme, un objet de désir évalué par l’opinion publique. Si les discussions politiques tournent autour des foulards de Pauline Marois ou encore des tailleurs d’Hillary Clinton, c’est pour les ramener à leur statut d’objet, évitant ainsi de les considérer comme des sujets politiques autonomes. La dérogation aux normes vestimentaires est plus grave pour les politiciennes, car elles bousculent déjà les stéréotypes quant à la place des femmes dans la société.

Cliquez ici pour lire l’article publié par Le Devoir le 22 décembre 2018.

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Par Marie-Anne Casselo, doctorante en philosophie à l’Université Laval,

Depuis son élection, Catherine Dorion est devenue le centre d’une discussion sur le code vestimentaire approprié en politique. Comme d’autres avant elle — pensons à Hillary Clinton ou à Pauline Marois —, son style vestimentaire est scruté à la loupe par l’opinion publique. Que dirait Simone de Beauvoir (1908-1986) de notre fixation sur l’habillement des politiciennes ? Selon elle, la fixation autour du vêtement signalerait l’ambiguïté du statut du sujet féminin dans la sphère publique. Dans Le deuxième sexe (1949), un ouvrage dans lequel Beauvoir expose la situation des femmes, l’écrivaine et philosophe existentialiste soutient que la femme est à la fois sujet de sa propre existence et objet du désir masculin. De plus, les politiciennes mettent à mal le boys’ club de la politique traditionnelle : leur présence opère un changement culturel dans l’arène politique.

La fixation réductrice sur l’habillement est effectivement un renvoi à la corporalité des femmes, comme l’a mentionné Francine Pelletier dans ces pages, mais c’est aussi le symptôme d’un malaise plus large à l’égard des femmes comme sujet politique. L’ambiguïté du vêtement se décline selon un double standard : toujours trop ci ou pas assez cela, le vêtement signale le statut social, souligne le degré de désirabilité d’une femme et révèle sa personnalité. Le vêtement rend à la fois visible une femme en même temps qu’il l’ostracise. Elle est un sujet politique, libre et égale à tout autre sujet politique, mais elle est une femme, un objet de désir évalué par l’opinion publique. Si les discussions politiques tournent autour des foulards de Pauline Marois ou encore des tailleurs d’Hillary Clinton, c’est pour les ramener à leur statut d’objet, évitant ainsi de les considérer comme des sujets politiques autonomes. La dérogation aux normes vestimentaires est plus grave pour les politiciennes, car elles bousculent déjà les stéréotypes quant à la place des femmes dans la société.

Cliquez ici pour lire l’article publié par Le Devoir le 22 décembre 2018.

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