Aller au contenu principal

Leadership des femmes

Pendant l'Année d'Action du Sommet pour la Démocratie, la cohorte S4D sur l'Égalité des Genres en tant que Prérequis pour la Démocratie a identifié des recommandations pour renforcer la démocratie en promouvant l'égalité des genres, la Déclaration et le Plan d'Action de Recommandations. Les co-présidents de la cohorte de genre : la Suède, la Roumanie, l'Institut Georgetown pour les Femmes, la Paix et la Sécurité, et l'Institut International pour la Démocratie et l'Assistance Électorale (IDEA International) encouragent les gouvernements et la société civile à prendre en compte les recommandations et les actions proposées.

La Cohorte de Genre soutient fermement les thèmes des Sommets Régionaux pour la Démocratie 2023. Les thèmes régionaux sont étroitement liés à l'égalité des genres et le lien entre la démocratie et la Cohorte de Genre a développé des résumés spécifiques sur le genre pour chaque thème : Jeunesse ; Lutte contre la corruption ; Élections libres, justes et transparentes ; Technologies de l'information et des communications (TIC) et Liberté des médias.

Déclaration et Plan d'Action de Recommandations

Les recommandations et les actions proposées ont été identifiées en consultation avec la cohorte, qui compte plus de 100 représentants des gouvernements et de la société civile de toutes les régions du monde. Les gouvernements et la société civile sont encouragés à considérer ces recommandations comme des outils pour renforcer la démocratie en promouvant l'égalité des genres. Les recommandations se concentrent sur trois piliers : l'inclusion ; les cadres législatifs et politiques ; et la prévention des conflits, la paix et la sécurité. Chaque pilier thématique est essentiel pour l'égalité des genres dans les processus démocratiques.

Lire la déclaration de recommandations >>

Lire le plan d'action de recommandations >>

Résumés de la Cohorte de Démocratie sur l'Égalité des Genres

Cohorte du Sommet pour la Démocratie sur l'Égalité des Genres en tant que Prérequis pour la Démocratie : Élections libres, justes et transparentes

L'égalité des genres est fondamentale pour le processus électoral, car elle permet aux femmes, en tant qu'électrices, candidates et fonctionnaires élues, d'influencer les politiques publiques et de défendre leurs intérêts. Cependant, les femmes rencontrent des obstacles importants à leur participation politique, notamment l'utilisation de la violence et de l'intimidation de genre visant à les dissuader de se présenter à un poste ou d'exercer leurs droits politiques. Les défis et les risques sont encore plus importants pour les femmes des communautés historiquement marginalisées. De plus, les femmes ont moins de chances d'être recrutées et sélectionnées comme candidates, ont moins accès équitable aux fonds de campagne et sont confrontées à des défis plus importants pour la représentation proportionnelle.

Lire le résumé >>

Cohorte du Sommet pour la Démocratie sur l'Égalité des Genres comme Prérequis : Lutte contre la Corruption

La corruption mine la démocratie et la justice en entravant la capacité du public à bénéficier pleinement des institutions gouvernementales. La lutte contre la corruption nécessite une perspective de genre pour comprendre pleinement son ampleur et son impact. Les femmes ont des approches uniques (mais non uniformes) pour lutter contre la corruption et sont également touchées de manière différente par celle-ci, ce qui engendre des inégalités et mine les opportunités pour des démocraties saines.

Lire le résumé >>

Cohorte du Sommet pour la Démocratie sur l'Égalité des Genres en tant que Prérequis pour la Démocratie : Jeunesse

Les jeunes sont les leaders de demain. Cependant, les personnes de moins de 35 ans occupent rarement des postes de leadership politique formels, et il y a moins de femmes que d'hommes dans ces rôles. Les recherches de l'Union Interparlementaire (UIP) ont révélé que sur 2,2 % des parlementaires de moins de 30 ans, moins de 1 % sont de jeunes femmes. La marginalisation des jeunes, y compris des jeunes femmes, en politique conduit à des opportunités manquées pour renforcer les processus et les institutions de construction de la démocratie. L'égalité des genres en tant que prérequis pour la démocratie nécessite des efforts adaptés pour impliquer à la fois les jeunes femmes et les jeunes hommes. Il est nécessaire de s'attaquer aux obstacles à l'inclusion des jeunes en politique, y compris les formes de discrimination et de violence basées sur le genre.

Lire le résumé >>

Cohorte du Sommet pour la Démocratie sur l'Égalité des Genres en tant que Prérequis pour la Démocratie : Information et Technologies de la Communication (TIC)

Les Technologies de l'Information et de la Communication (TIC) ont le potentiel de combler les écarts de genre dans la participation politique des femmes. Elles peuvent servir d'outils pour permettre aux femmes d'influencer les agendas politiques, d'accroître leur accès aux ressources de campagne, de renforcer les réseaux de solidarité et d'augmenter leur représentation dans les agendas et les processus démocratiques. Grâce aux réseaux sociaux, aux blogs, aux podcasts et aux vidéos promotionnelles, les femmes ont réussi à contourner les médias traditionnels tels que la télévision et la radio, afin de faire entendre leur voix directement et d'accéder à la prise de décision politique.

Lire le résumé >>

Cohorte du Sommet pour la Démocratie sur l'Égalité des Genres en tant que Prérequis pour la Démocratie : Liberté des Médias

La liberté de la presse et la sécurité des femmes journalistes sont essentielles pour la force des processus et des institutions démocratiques. Cependant, les femmes ne sont pas représentées de manière équitable dans les médias. Une étude de 2020 sur les médias au Royaume-Uni, aux États-Unis, au Kenya, en Inde, en Afrique du Sud et au Nigeria a révélé que les femmes ne représentaient qu’entre 15 % et 30 % des sujets des reportages d'actualité.

Lire le résumé >>

Dans le cadre de la célébration de la Journée internationale des femmes, l'UIP souhaite mettre à l'honneur quelques-unes des femmes parlementaires inspirantes qui s'engagent activement dans les commissions de l'UIP pour promouvoir l'égalité des sexes, la représentation des jeunes, la paix et le développement durable.

Sahar Albazar, Égypte

Présidente du Conseil du Forum des jeunes parlementaires

Les jeunes composent la majorité de la population du monde, alors que 2,6 % des parlementaires seulement ont moins de 30 ans, ce qui explique l'importance des activités que mène Mme Albazar, parlementaire égyptienne qui préside le Conseil du Forum des jeunes parlementaires de l'UIP. Le Forum se consacre à renforcer la participation des jeunes à la démocratie en veillant à ce que leur voix soit entendue. Mme Albazar est également Vice-Présidente de la Commission des relations étrangères de la Chambre des représentants égyptienne.

Cynthia López Castro, Mexique

Membre de la Commission permanente des affaires des Nations Unies de l'UIP

Mme López Castro, membre de la Chambre des députés mexicaine depuis 2018, est un ardent défenseur des jeunes. En 2017, âgée d'à peine 30 ans, elle a participé à la rédaction d'une nouvelle Constitution pour Mexico et figuré parmi les personnalités les plus engagées en faveur de l'insertion d'un quota de jeunes dans la loi électorale de la ville. En sa qualité de membre de la Commission permanente des affaires des Nations Unies de l'UIP, Mme López Castro s’efforce d’obtenir que 25 % au moins des candidats à des fonctions publiques à l'échelon fédéral aient moins de 29 ans.

Cliquez ici pour lire l’article publié par L’union interparlementaire, le 2 mars 2023.

Le « Spiegel » a révélé les grandes lignes de la « politique étrangère féministe » que veut promouvoir la ministre allemande des Affaires étrangères. Ses propositions, qui doivent être présentées le 1er mars, se veulent très concrètes.

Le développement d'une « politique étrangère féministe » est inscrit noir sur blanc au sein du contrat de coalition du gouvernement allemand. Un peu plus d'un an après son entrée en fonction, Annalena Baerbock est prête à passer des paroles et selfies avec ses homologues étrangères aux actes. Selon le « Spiegel », la ministre des Affaires étrangères doit présenter le 1er mars les lignes directrices de cette politique qui vise à rendre les femmes plus visibles.

Le magazine a eu copie d'un document de travail de 41 pages en détaillant le contenu. Il ne s'agit pas de dessiner « une politique étrangère pour les femmes, mais pour tous les membres de la société », précise le rapport. Le fil rouge de cette politique est de « briser les structures de pouvoir établies » discriminant toutes les minorités.

Cliquez ici pour lire l’article publié par Les Echos, le 21 février 2023.

En tirant leur révérence, Nicola Sturgeon, Jacinda Ardern et Simonetta Sommaruga ont rappelé que l’énergie et la responsabilité sont inséparables du pouvoir des dirigeants. Mais aussi, selon certaines, que tout pèse un peu plus lourd lorsqu’on est une femme

«La fonction de conseillère fédérale exige un engagement total.» «Ce travail est un privilège, mais aussi très difficile.» «Je n’ai tout simplement plus assez d’énergie.» Le 2 novembre, le 19 janvier et le 15 février derniers, trois dirigeantes ont, en même temps qu’elles jetaient l’éponge du pouvoir, dit l’exigence ultime d’une vie politique au sommet. Les démissions de la ministre Simonetta Sommaruga, de Jacinda Ardern , désormais ex-première ministre néo-zélandaise, et de son homologue écossaise Nicola Sturgeon mettent en lumière l’humanité derrière le tailleur.

Bien qu’étonnants par leur succession, ces départs doivent-ils aussi poser une question genrée? Pour Lorena Parini, politologue et professeure honoraire à l’Université de Genève, il est clair que le fait qu’il s’agit de trois femmes est à relever. «Ça m’a frappée. C’est plutôt rare de voir un homme de pouvoir quitter volontairement ses fonctions.»

Cliquez ici pour lire l’article publié par Le Temps, le 20 février 2023.

Première femme à diriger l’Ecosse, la dirigeante britannique à la longévité inédite a déclaré ne « pas quitter la politique ». Elle a par ailleurs précisé qu’elle occupera ses fonctions jusqu’à ce qu’une personne soit élue au sein du SNP pour lui succéder.

La première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, a annoncé sa démission mercredi 15 février, après huit années au pouvoir. Mme Sturgeon, 52 ans, a fait une déclaration à la presse à la mi-journée, dans laquelle elle a précisé qu’elle resterait en poste jusqu’à ce qu’une personne soit élue au sein du Parti national écossais, le SNP, pour lui succéder.

Décrivant ses fonctions comme « un privilège » et « le meilleur métier du monde », Mme Sturgeon a soutenu que son choix n’avait pas été motivé par de « récentes pressions » – niant ainsi un quelconque lien avec la polémique autour de la loi facilitant la transition de genre –, mais par une réflexion « profonde » sur le « long terme ».

Cliquez ici pour lire l’article publié par Le Monde, le 15 février 2023.

« J’ai tout donné pour être première ministre, mais cela m’a aussi beaucoup coûté », a dit la dirigeante de 42 ans, qui a annoncé qu’elle quittera ses fonctions le 7 février.

C’est au bord des larmes, la voix parfois un peu tremblante, que Jacinda Ardern, la cheffe du gouvernement néo-zélandais, a annoncé, jeudi 19 janvier, sa décision de démissionner. Celle qui était devenue, en octobre 2017, la plus jeune première ministre kiwie en cent soixante et un ans avant d’être réélue triomphalement en octobre 2020, quittera ses fonctions d’ici au 7 février. Une annonce qui a créé une onde de choc dans l’archipel tant il est rare qu’un leader renonce au pouvoir, d’autant plus quand il jouit de la popularité de la dirigeante de 42 ans.

« J’ai tout donné pour être première ministre, mais cela m’a aussi beaucoup coûté. Vous ne pouvez pas et ne devriez pas faire ce travail à moins d’avoir un réservoir plein, et encore davantage en réserve pour les défis imprévus et inattendus qui se présentent inévitablement », a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse.

Cliquez ici pour lire l’article publié par Le Monde, le 19 janvier 2023.

La table ronde sur le rôle de la jeunesse dans les élections : points d’entrée pour les Organes de Gestion des élections (OGE), s’est tenue du 24 au 26 novembre 2015 à Centurion, en Afrique du Sud.

En réponse à la complexité de l’implication des jeunes dans le processus démocratique, IDEA a lancé un processus de documentation sur les défis et les pratiques visant à l’inclusion des jeunes dans la vie politique et les processus électoraux à travers le continent.

La table ronde a été organisée dans le cadre de ce processus et avait pour objectif général l’échange d’expériences et l’utilisation des enseignements tirés comme base pour un engagement plus profond quant aux stratégies et activités d’intégration de la jeunesse réalisables pour l’avenir.

Le présent rapport se veut un résumé des contributions faites, ainsi que des discussions des participants. Cliquez ici pour y accéder. 

Par Marlène Schiappa

La démocratie américaine n’aura pas permis à une femme d’accéder à la présidence des États-Unis. En France, le plafond de verre empêche aussi les femmes d’exercer pleinement le pouvoir : à peine 25 % de parlementaires, 16 % de maires et, jamais dans l’histoire, de présidente de la République, de l’Assemblée nationale ou du Sénat. Nos institutions démocratiques briment-elles les femmes ?

I - L’ABSENCE TOTALE DES POSTES CLÉS DANS L’EXERCICE DU POUVOIR

Ce n’est pas encore l’année 2016 qui verra une femme devenir présidente des États-Unis pour la première fois. Non seulement Hillary Clinton ne sera pas la première femme présidente des États-Unis, mais on peut avancer qu’elle ne le sera jamais. D’abord en raison de son âge, ensuite de la règle tacite américaine qui veut que l’on ne représente pas un candidat perdant. Elle restera « seulement » dans l’histoire de la démocratie et des femmes comme la première candidate du Parti démocrate à l’élection présidentielle américaine.

Aux États-Unis, aucune femme n’a donc à ce jour été élue à la présidence, ni à la présidence du Sénat ou de la Chambre. Aucune femme n’a jamais été candidate à la vice-présidence ou nommée à la tête du département de la Défense, et la part de femmes gouverneures a longtemps stagné avant d’augmenter très légèrement. Les femmes sont donc représentées à la base, mais absentes des postes clés de la démocratie américaine.

En France, la situation n’est guère meilleure : aucune femme n’a jamais été présidente de la République, Ségolène Royal (Parti socialiste) est la seule à avoir atteint le second tour d’une élection présidentielle. Une seule femme a déjà été nommée Première ministre (Édith Cresson, Parti socialiste) et elle détient le record de la plus petite durée d’exercice (dix mois). Aucune femme n’a jamais été présidente de l’Assemblée nationale, ni présidente du Sénat. Elles représentent toujours à peine 25 % des parlementaires. Elles représentent pourtant 52 % de la population et 40,3 % des membres des conseils municipaux. Comme aux États-Unis, force est de constater que les femmes sont actrices de la vie politique en France mais se heurtent au plafond de verre, ce plafond invisible qui empêche d’accéder aux postes plus élevés et à un exercice massif et réel du pouvoir.

II - PEU DE FEMMES MAIRES EN EUROPE

Depuis les dernières élections municipales, plusieurs observateurs soulignent pourtant une supposée « vague » de femmes élues maires, toutes tendances politiques confondues, dans les grandes villes d’Europe. Anne Hidalgo à Paris (Parti socialiste, 2014), Johanna Roland à Nantes (Parti socialiste, 2014), Nathalie Appéré à Rennes (Parti socialiste, 2014), Manuela Carmena à Madrid (Maintenant, Madrid, 2015) – sa prédécesseure était aussi une femme, Ana María Botella Serrano, Parti populaire), Ada Colau à Barcelone (Barcelone en commun, 2015), Virginia Raggi à Rome (Mouvement 5 étoiles, 2015)… seraient censées incarner cette génération de femmes politiques ayant « pris le pouvoir ».

Elles ont rejoint Martine Aubry (Parti socialiste, Lille, depuis 2008) et la liste des femmes maires de villes moyennes élues, comme Maryse Joissains-Masini (Les Républicains, Aix-en-Provence, depuis 2001 – et épouse de l’ancien maire d’Aix-en-Provence), Hanna Gronkiewicz-Waltz (Plate-forme civique, Varsovie, depuis 2006), Natacha Bouchart (Les Républicains, Calais, depuis 2008), Brigitte Fouré (UDI, Amiens, 2014), Karin Wanngård (Parti social-démocrate suédois des travailleurs, Stockholm, 2014), Henriette Reker (sans étiquette, Cologne, 2015), Chiara Appendino (Mouvement 5 étoiles, Turin, 2015)… En apparence, une liste impressionnante qui donne l’illusion d’un « grand remplacement » pour reprendre la sinistre expression. Pourtant, rien n’est moins vrai.

Si l’on étudie par exemple en détail la situation à Paris, le duel 100 % féminin du second tour des dernières élections municipales entre Anne Hidalgo et Nathalie Kosciusko-Morizet a masqué médiatiquement la réalité : sur 20 arrondissements, 12 ont des hommes pour maires et 8 des femmes (Florence Berthout, LR, dans le Ve arrondissement, Rachida Dati, LR, dans le VIIe, Jeanne d’Hauteserre, LR, dans le VIIIe, Delphine Bürkli, LR, dans le IXe, Catherine Baratti-Elbaz, PS, dans le XIIe, Carine Petit, PS, dans le XIVe, Brigitte Kuster, LR, dans le XVIIe, Frédérique Calandra, PS, dans le XXe). La parité n’y est pas, mais la mixité, si. Avec ses 40 % environ de femmes maires, Paris est une exception non représentative du reste de la France.

Car en tout, seules 16 % des villes de France ont pour maires des femmes. Elles étaient 13,8 % en 2008 (et 1,1 % en 1965 !). Lors des dernières élections municipales, en 2014, 17 % des têtes de listes étaient des femmes. Cela signifie qu’une part importante des femmes têtes de liste ont été élues. Les Français-e-s sont désormais prêts à voter pour une femme, pour peu qu’on leur en présente une. Ce n’est plus un frein. Mieux : d’après une étude de l’Ifop [1] publiée juste avant les dernières élections municipales en France, 70 % des personnes interrogées indiquaient vouloir « plus de femmes maires ».

L’idée qu’elles seraient actuellement nombreuses tient donc au « syndrome de la Schtroumpfette »[2] qui veut que l’on remarque une femme seule parmi un groupe d’hommes. Une femme maire = dix articles sur le thème « une femme maire ! » ; dix hommes maires = aucun article pour constater qu’encore une fois, dix hommes sont élus maires.

III - COMMENT LES COMMUNAUTÉS DE COMMUNES CREUSENT LES INÉGALITÉS

Dans les conseils municipaux, les femmes représentent environ 40 % des élu-e-s (48 % dans les villes de plus de 1 000 habitants). Une presque parité de « base » qui mène pourtant, on l’a vu plus haut, à l’élection d’un homme comme maire dans 75 % des cas (l’usage voulant que la tête de liste choisie en amont soit élue maire lors du conseil municipal d’installation). Si cette parité de base se heurte déjà au plafond de verre pour l’élection du maire, elle rencontre un autre problème : selon de la répartition genrée des délégations.

L’immense majorité des conseils municipaux confie ainsi aux femmes des secteurs comme la petite enfance, les droits des femmes, la santé, les affaires sociales, l’éducation… et aux hommes les finances, les transports, les ressources humaines… Cette répartition des rôles se base sur les stéréotypes de genre assignant aux femmes des qualités supposées maternelles et féminines  ce que l’on nomme le care – et aux hommes des qualités supposées viriles, liées à l’argent et à la prise de décision pour tous  bref, comme dirait Donald Trump, à la gestion « en bon père de famille ».  

Parmi les autres instances, au-delà des conseils municipaux, il est notable que les communautés de communes n’ont aucune obligation et fonctionnent donc selon la règle suivante : pas de parité, c’est la jungle. D’après le Code général des collectivités territoriales, les communautés de communes sont des : « établissements publics de coopération intercommunale regroupant plusieurs communes d’un seul tenant et sans enclave. Elles ont pour objet d’associer des communes au sein d’un espace de solidarité, en vue de l’élaboration d’un projet commun de développement et d’aménagement de l’espace ».

Composées de membres des conseils municipaux, elles gèrent des compétences communautaires et confient donc des délégations aux maires de ces communes qui sont statistiquement, on l’a vu, majoritairement… des hommes. La communauté de communes est donc une machine à reproduire l’inégalité entre les femmes et les hommes en démocratie, et crée une instance supplémentaire où, par essence, les hommes accèdent à encore plus de pouvoir et creusent les inégalités.

IV - DÉPARTEMENT ET RÉGION : LES PLUS ÉQUITABLES À LA BASE, LES MOINS MIXTES AU SOMMET

Si les conseils départementaux sont désormais paritaires depuis la loi sur le scrutin binominal (loi accompagnée d’un redécoupage géographique), ils sont comme les conseils municipaux majoritairement présidés par des hommes. Depuis les dernières élections départementales de 2015, seuls 10 % des conseils départementaux sont présidés par des femmes. Une fois encore, d’une base paritaire (cette fois, strictement), on arrive à élire des hommes, quasi exclusivement, aux mandats de présidents.

L’autre mandat le plus équitable en termes de répartition femmes/hommes et d’attribution des délégations reste celui de conseiller-e régional-e, d’après l’Observatoire des inégalités qui évalue à plus de 48 % le nombre de femmes dans les conseils régionaux. Mais comme pour les conseils municipaux et départementaux, un plafond de verre empêche les femmes d’accéder aux fonctions les plus élevées : 3 présidents de région sur 13 (depuis le redécoupage) sont des présidentes  Carole Delga (PS, Occitanie), Valérie Pécresse (LR, Île-de-France) et Marie-Guite Dufay (PS, Bourgogne-Franche-Comté).

V - SÉNAT : LA DISCRIMINATION CHEZ LES GRANDS ÉLECTEURS

Au Sénat, la part de femmes a été multipliée par dix en 62 ans : de 2,5 % en 1952, nous avons atteint les 25 % en 2014. Le principe même de la haute assemblée, avec un vote par des grands électeurs et électrices, incite à présenter des candidat-es déjà élu-es. Puisque la majorité des élu-e-s sont des élus hommes, il peut être considéré comme logique que les sénateurs soient en majorité des hommes. En effet, quoi de mieux que de présenter un président de région ou un président de département au Sénat (ou de présenter un sénateur à la présidence de région) ? L’argument « il est déjà connu » semble fonctionner.

Pour augmenter le nombre de femmes sénatrices, augmenter le nombre d’élu-e-s locaux avec des responsabilités  qui sont un vivier de candidat-es  semble nécessaire. Mécaniquement, par ricochet, le nombre de potentiels candidat-t-es augmentera et le choix des candidat-es pourra s’opérer entre des hommes et des femmes à responsabilités équivalentes.

En outre, la sélection des grands électeurs pour le Sénat pourrait être règlementée. Actuellement, les grands électeurs sont des élu-es et des délégués désignés par conseils municipaux. La parité ne s’y applique pas. L’on désigne donc souvent des militant-e-s de partis politiques, dont la majorité sont des hommes[3]. Or, au global, 52 % des électeurs sont des électrices. La parité dans les grands électeurs est donc un service minimum pour la représentativité. Le mode de désignation actuel, non paritaire, des grands électeurs pourrait d’ailleurs donner lieu à une saisie pour discrimination. Il est en tout cas antidémocratique, puisqu’il confisque arbitrairement aux femmes leur représentativité.

Au demeurant, la loi sur la parité dans les listes sénatoriales est facilement contrée par la droite qui ne s’est pas privée, dans plusieurs endroits, de présenter deux listes avec hommes en tête de listes par exemple, pour faire élire deux hommes et aucune femme.

VI - ASSEMBLÉE NATIONALE : L’EXERCICE DU SEXISME

Depuis 2012, sur 280 députés socialistes et apparentés élu-es, 106 sont des femmes. 38 % des députés socialistes sont donc des femmes. C’est le record absolu, à la fois en nombre et en proportion, de femmes élues à l’Assemblée nationale. Pour autant, les autres groupes sont loin de cette part (le groupe LR compte 26 femmes). 

Tous groupes confondus, sur l’ensemble de l’Assemblée nationale, 26,9 % des député-es sont des femmes. La France est, depuis 2012, au-dessus de la moyenne mondiale (19,7 %) mais, dans le classement européen, elle arrive néanmoins après la Suède, la Finlande, les Pays-Bas, la Belgique, l’Espagne, l’Allemagne et la Suisse. Aucune femme n’a jamais été présidente de l’Assemblée nationale.

Au-delà des chiffres, l’Assemblée nationale semble être le lieu par excellence d’exercice du sexisme dans les comportements. On ne compte plus les sifflements de ministres ou de parlementaires femmes en robe (Cécile Duflot, mais pas seulement), cris de poule quand une femme s’exprime, huées de la ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes Laurence Rossignol quand elle dénonce les inégalités salariales femmes/hommes…

VII - EFFETS PERVERS ET TABOUS DE LA PARITÉ ARITHMÉTIQUE

Impossible de formaliser une analyse des inégalités d’accès aux mandats électifs entre hommes et femmes sans évoquer les effets pervers de la parité arithmétique. La parité est nécessaire pour permettre aux femmes d’accéder à des mandats électifs, on l’a vu plus haut. Elle ne se fait presque jamais d’elle-même. En revanche, la parité induit certains éléments négatifs pour la démocratie. Le scrutin obligatoirement paritaire empêche par exemple des binômes de deux femmes de se former.

La parité incite les appareils à aller démarcher des femmes en dehors des partis politiques, ceux-ci ne comptant pas assez de militantes en leur sein, on l’a vu plus haut. Cela induit que des femmes de la société civile accèdent à des mandats électifs, ce qui est une bonne nouvelle pour la démocratie. En revanche, puisque les hommes sont sur-représentés dans les partis politiques, un homme de la société civile n’aura mathématiquement que peu de chances d’intégrer une liste puisqu’il faudrait pour cela qu’un homme déjà élu lui cède sa place. Le renouvellement se fait par les jeunes femmes qui remplissent aussi le quota « nouveau visage ». Un homme jeune aura donc moins de chances d’accéder à une candidature. Les hommes sortants et les hommes des partis politiques remplissent les quotas masculins, et les femmes de la société civile les quotas féminins manquants. Au-delà de se priver d’une génération d’hommes sans doute aussi talentueux, cela positionne les femmes en situation d’infériorité : il y a des « sachants » (les hommes sortants de partis politiques) et des femmes qui ne décident pas dans les appareils, car issues de la société civile et/ou nouvelles venues dans les mandats.

VIII - COMMENT LA POLITIQUE DÉGOÛTE (SOUVENT) LES FEMMES

On peut déplorer que les femmes soient moins souvent élues et à des postes stéréotypés ou inférieurs à ceux des hommes. Mais force est de constater que les femmes elles-mêmes s’engagent moins en politique que les hommes. C’est un fait. Les femmes sont majoritaires parmi les bénévoles et les engagée-s- dans les associations[4], mais elles sont très largement minoritaires au sein des partis politiques. Coutumières du « travail invisible »[5] et non rémunérateur, nombreuses sont celles qui pratiquent l’autocensure en n’envisageant pas de conduire une liste ou de se porter candidates.

Seuls 30 % des adhérent-e-s du Parti socialiste seraient des femmes. Les partis de droite ne sont pas meilleurs sur le sujet : même des femmes cadres chez Les Républicains accusent leur parti d’être « anti femmes » ou se déclarent publiquement « déçues »[6] par le non respect de la parité et l’absence de place faite aux femmes dans les organigrammes. Bien des femmes en arrivent même à refuser des places qu’on leur propose sur des listes électorales.

Cela peut s’expliquer par différents facteurs liés entre eux : d’abord, les difficultés à concilier vie professionnelle et vie familiale. L’impossibilité d’y ajouter une vie militante alors que dans 76 % des familles la femme est seule responsable des missions liées à la vie scolaire[7] et qu’elle accomplit 80 % des tâches ménagères en moyenne, tout en étant payée 20 % de moins. 98 % des congés parentaux sont pris par les femmes. Les femmes sont donc encore très majoritairement en charge des enfants et de l’organisation de la famille. Un principe de réalité économique empêche des mères célibataires, catégorie sociale la plus précarisée, de pouvoir payer une baby-sitter pour garder leurs enfants aux horaires des réunions, commissions et conseils municipaux (souvent pendant les sorties des écoles). Or, la vie militante et politique est bâtie par les hommes depuis des siècles et ne tient aucun compte des contraintes d’organisation. De surcroît, ce que l’institut Catalyst désigne comme les « normes masculines du pouvoir » y règne : concurrence et compétition permanente, refus de l’émotion, esprit de clan…

Quant à la solidarité féminine entre femmes politiques de même bord, elle n’y existe que difficilement, la parité ayant l’effet pervers de mettre les femmes en concurrence entre elles pour des mandats et de générer des réactions parfois négatives chez des femmes politiques ayant été élues avant la parité, du type « Pourquoi des femmes plus jeunes bénéficieraient-elles de facilités quand mon parcours à moi a été émaillé d’autant de difficultés ? ».

Au-delà des sifflements ou huées, évoqués plus haut, qui ne donnent évidemment pas envie de se jeter dans l’arène à bien des femmes, au-delà des rumeurs sexistes érigées en discours politique ou des jugements sur la vie familiale des femmes politiques qu’aucun homme n’aurait à affronter (on se souvient du débat médiatique sur la reprise post congé maternité de Rachida Dati ou de Najat Vallaud-Belkacem traitée de « mauvaise mère » par le magazine Closer), on peut noter un traitement sexiste des médias. Anne Hidalgo mène par exemple à Paris une politique pleinement dans la lignée de celle de Bertrand Delanoë. Pourtant elle écope de surnoms montrant son genre (comme « Notre Drame de Paris »). Des hommes politiques soutenant un homme politique, c’est un comité de soutien. Des femmes politiques soutenant un homme politique, ce sont des groupies. Des femmes politiques soutenant une femme politique sont une « bande de copines », comme ce qui avait été dit des accords passés entre Martine Aubry et Cécile Duflot pour les élections législatives de 2012. Le découragement peut survenir face à ces attaques publiques.

En outre, les femmes semblent attacher plus d’importance que les hommes à l’impact réel de leur action. La part des femmes renonçant à l’engagement politique après un seul mandat est bien plus élevée que celles des hommes y renonçant. Les femmes sont d’ailleurs souvent évoquées comme des derniers recours, comme Theresa May à Londres, et en jouent aussi parfois comme Valérie Pécresse proclamant « Quoi de mieux qu’une femme pour faire le ménage ? » pendant la campagne des élections régionales en Île-de-France en 2015.

IX - LE VOTE POUR LES DROITS DES FEMMES, DIFFÉRENT DU « VOTE DES FEMMES »

Enfin, l’on pourrait se faire l’avocat du diable et se demander pourquoi, finalement, élire des femmes serait si important dans une démocratie. L’analyse des résultats des votes pour Donald Trump nous montre que la majorité des femmes blanches a voté pour lui, et non pas pour sa concurrente Hillary Clinton. Cette dernière aurait été la première femme présidente des États-Unis, mais elle aurait aussi été une candidate féministe, soutenue par les mouvements égalitaires. Son programme comportait la création d’un véritable congé maternité national, le droit à l’IVG et l’égalité salariale entre les hommes et les femmes. Donald Trump, lui, est le candidat qui milite contre l’avortement, pense qu’il faut punir les femmes qui y ont recours, humilie ses ex-femmes publiquement et se vante d’être auteur d’agressions sexuelles.

Malgré cela, des femmes ont voté contre leurs propres intérêts et pour ce candidat, validant la « soumission enchantée » des femmes décrite par Bourdieu[8]. Cela nous confirme qu’il n’existe pas de « vote des femmes » monolithique. Et que le vote « pour les droits des femmes » est différent du supposé « vote des femmes ». Cela nous montre aussi – et c’est plus difficilement dicible – que les femmes, dans leur ensemble, ne cherchent pas forcément à être représentées par d’autres femmes et que, au demeurant, les femmes dans leur ensemble ne cherchent pas non plus toujours à consolider leurs droits ou à en acquérir de nouveaux. Non seulement le fait d’être une femme empêche d’accéder à certaines responsabilités, mais ce n’est pas non plus un argument électoral y compris auprès des femmes elles-mêmes.

Pourquoi alors s’organiser pour permettre à davantage de femmes d’exercer le pouvoir ? Parce que cela doit être l’essence même de la démocratie. C’est ce qui différencie ce régime du totalitarisme. Comme l’écrivait Alexis de Tocqueville, la démocratie peut conduire au népotisme et elle est perfectible, mais pour accéder à l’égalité, il ne faut pas moins de démocratie, il en faut plus. Et la démocratie consiste en « donner des droits à chaque citoyen ou n’en donner à personne »[9].

Source : Fondation Jean Jaurès

L’égalité des sexes est à la fois un objectif de développement essentiel et un vecteur de développement humain. Parvenir à une représentation équitable des femmes, en particulier aux postes de prise de décision, reste cependant un défi permanent. La nécessité d’accroître leur présence à des postes de responsabilité politique se fait de plus en plus pressante. Afin de combler cette lacune, le PNUD a mis au point une initiative commune de recherche et de formulation de politiques  intitulée Égalité des sexes dans l’administration publique (« GEPA » en anglais). 

Le présent rapport mondial fait état des données nationales disponibles et présente une analyse des obstacles à la représentation équitable des femmes et  leur présence aux postes de décision dans l’administration publique. Il souligne également des exemples d’approches susceptibles d’être efficaces et émet des recommandations d’actions futures. 

A retenir

  • De nombreuses administrations publiques sont près d’atteindre une présence minimum de 30 % de femmes à des postes de direction mais cette participation est très variable, allant de 75 % en Ukraine à seulement 12 % en Inde.
  • Le Costa Rica compte 46 % de femmes occupant des postes décisionnels, le Botswana 45 % et la Colombie 40 %.
  • Le nombre de femmes élues à la tête d’États ou de gouvernements est passé de 8 en 2005 à 17 en 2012, tandis que le nombre de femmes aux postes ministériels est passé de 14,2 % en 2005 à 16,7 % en 2012.
  • Les pays scandinaves enregistrent le pourcentage le plus élevé de femmes ministres (48,4 %), suivis des Amériques (21,4 %) et de l’Afrique subsaharienne (20,4 %).

Les femmes en politique changent-elles le monde? demande l’auteure. Pour répondre à cette question, Pascale Navarro fait d’abord un historique des premiers contacts des femmes avec la politique, afin de comprendre les raisons de leur engagement, au Québec et ailleurs. Elle analyse ensuite la nouvelle image maternelle en politique et en examine les enjeux stratégiques. Pour écrire ce livre, Pascale Navarro a interviewé une vingtaine de politiciennes canadiennes. Cliquez ici pour en savoir plus et pour obtenir le livre.

Ce document a pour but de présenter un état des lieux des taux de femmes élues par pays, dans le monde et des moyens mis en œuvre pour accroître leur participation en politique. Ceux-ci sont détaillés pour un échantillon des pays les plus représentatifs en la matière. Nous avons choisi non seulement les pays les plus avancés dans le domaine, mais également les pays qui nous ont semblé les plus "originaux" ou les plus intéressants à présenter. La situation des femmes en politique dans les pays sélectionnés est d'abord présentée, suivie d'un descriptif des mesures et actions existantes. La situation suisse est présentée dans un document à part, également téléchargeable sur le site internet du SPPE, de même qu'une recension complète des mesures existantes pour promouvoir la représentation des femmes en politique.

Le Forum mondial des femmes dans les parlements (WIP) présentera l’étude WIP - Banque mondiale «La Carrière Politique des Femmes» au Palais de Westminster, le 20 Octobre, 2015. Un panel de discussion sur les moyens de renforcer la présence des femmes dans les parlements et les exemples de meilleures pratiques suivra la présentation de l'étude, qui a pour but de remédier à la faible présence et participation des femmes en politique à travers le monde. Veuillez visiter ici pour de plus amples informations.